10 Déc Apports alimentaires et TDAH
Mise à jour et conseils visant à améliorer les apports alimentaires d’un enfant présentant un trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH)
Qu’est-ce que le trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH)?
Le TDAH est un trouble neurologique qui a probablement toujours existé, mas il n’était pas cliniquement
diagnostiqué. Trois symptômes précis caractérisent le TDAH, soient l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité. La prévalence du TDAH est environ trois fois plus élevée chez les garçons que chez les filles. La maladie est diagnostiquée chez environ un ou deux enfants sur vingt. Malheureusement, les médicaments utilisés pour contrôler le trouble ont tous la perte d’appétit comme effet secondaire, ce qui peut être dommageable pour la croissance de l’enfant.
Quelques recherches ont été effectuées sur différentes sources alimentaires potentiellement responsables d’améliorer ou nuire à la condition d’un enfant atteint du TDAH.
1. Ce qu’il faut savoir sur le gluten.
Le gluten constitue le principal type de protéines que l’on retrouve naturellement dans le blé, le seigle,
l’orge, l’épeautre, le kamut et le triticale. La protéine du gluten endommage l’intestin grêle des personnes
atteintes de la maladie cœliaque, ce qui nuit à l’absorption d’éléments nutritifs importants par
l’organisme. Les personnes souffrant de la maladie cœliaque doivent absolument suivre un régime sans
gluten.
Vous avez peut-être entendu parler des avantages d’un régime sans gluten pour les enfants présentant
un TDAH. Des recherches ont montré que ce type de régime pouvait atténuer les symptômes du TDAH,
mais seulement dans la mesure où l’enfant souffre également de la maladie cœliaque. Il existe peu
d’études pour démontrer les bienfaits d’un régime sans gluten chez les enfants qui présentent un TDAH
en l’absence de la maladie cœliaque.
Un régime alimentaire sans gluten coûte cher et c’est un régime complexe à suivre. Contrairement aux
autres aliments, les aliments sans gluten ne sont pas généralement enrichis de vitamines et de minéraux.
Ainsi, un enfant soumis à un régime sans gluten risque de souffrir d’une carence en certains éléments
nutritifs comme le fer et les vitamines du complexe B. Si vous décidez d’essayer un régime sans gluten,
assurez-vous d’abord de demander à votre médecin si votre enfant souffre ou non de la maladie
cœliaque. De plus, si vous faites suivre un régime alimentaire sans gluten à votre enfant, il est important
de consulter un(e) diététiste afin de vérifier que le régime fournit un apport nutritif équilibré.
L’Association canadienne de la maladie cœliaque peut vous offrir de plus amples renseignements au sujet du gluten et des régimes sans gluten.
2. Fournissez-lui des acides gras essentiels en quantité suffisante.
Certains enfants atteints du TDAH présentent un faible taux d’acides gras oméga-3 comme l’ADH (acide
docosahexaénoïque) et l’AEP (acide éicosapentaénoïque). On les appelle « gras essentiels » parce que
l’organisme n’en produit pas et qu’ils doivent provenir de l’alimentation. L’ADH joue un rôle important
dans le développement du cerveau, des yeux et des tissus nerveux, surtout chez les enfants âgés de
moins de deux ans.
Un apport adéquat en acides gras essentiels peut contribuer à réduire les crises de colère, les troubles du
sommeil et les difficultés d’apprentissage chez les enfants atteints du TDAH. Les meilleures sources
d’acides gras essentiels sont les poissons gras comme le saumon, la truite et le maquereau. Mettez ces
aliments au menu de votre enfant au moins deux fois par semaine. Certaines marques d’oeufs, de pain,
de margarine, de lait et de jus d’orange offrent des produits enrichis d’acides gras oméga-3 en petites
quantités. Cela peut s’avérer des alternatives intéressantes pour un enfant qui n’apprécient pas le
poisson.
Il n’y a pas suffisamment d’études pour appuyer la supplémentation d’acides gras essentiels chez les
enfants présentant un TDAH. Si vous désirez en savoir plus au sujet de ces suppléments, consultez votre
médecin.
3. Demandez l’avis d’un professionnel au sujet des autres suppléments.
Les enfants présentant un TDAH ont tendance à avoir de plus faibles taux de fer, de zinc et de
magnésium que les enfants sans TDAH. Offrez à votre enfant une variété d’aliments riches en ces trois
minéraux.
Minéraux Meilleures sources alimentaires
Fer Viande, foie, graines de citrouille, lentilles, tofu, céréales et crème de blé.
Zinc Fruits de mer, la viande, les graines et les légumineuses.
Magnésium Légumineuses, les noix, les graines, le poisson et les produits céréaliers.
Si votre médecin diagnostique une carence en l’un de ces minéraux chez votre enfant, il se peut que la
prise de suppléments soit nécessaire. Votre médecin vous indiquera la posologie et s’assurera que les
suppléments ne provoqueront aucune interaction indésirable si votre enfant prend déjà un médicament.
4. Prenez note de toute réaction aux additifs alimentaires.
Les additifs alimentaires sont utilisés pour empêcher les aliments de se gâter. Ils figurent généralement
vers la fin de la liste des ingrédients, car on ne les utilise qu’en très petites quantités dans les aliments.
Pour connaître le nom des différents additifs utilisés dans l’industrie alimentaire, veuillez consulter le
Dictionnaire sur les additifs alimentaires.
Les colorants alimentaires artificiels, la tartrazine et l’acide benzoïque sont des additifs qui peuvent
aggraver les troubles de comportement de l’enfant. Les enfants ne réagissent pas tous aux additifs
alimentaires de la même façon : certains n’ont aucune réaction, tandis que d’autres auront des réactions
pouvant différer d’un cas à l’autre. Surveillez ce que votre enfant mange chaque jour et prenez note de
toute réaction qu’il pourrait manifester. Si les additifs alimentaires ne provoquent aucune réaction chez
votre enfant, il n’y a aucune raison de les éviter.
Parlez à votre médecin des réactions observées chez votre enfant après la consommation de certains
types d’aliments ou de certaines marques en particulier. Conservez les emballages des aliments et
montrez-les au médecin. Ce dernier pourra vous aider à identifier la source précise des réactions
indésirables.
Dressez ensuite la liste des aliments ou ingrédients que votre enfant devrait éviter de consommer. Prenez
soin de remettre cette liste aux personnes qui prennent soin de votre enfant. Si la liste est très longue,
assurez-vous auprès d’un(e) diététiste que le régime alimentaire de votre enfant lui fournit un apport
nutritif adéquat.
Considérations spéciales
- La vérité au sujet du sucre :
Un grand nombre de parents et de professeurs sont portés à croire qu’une consommation excessive de sucre peut conduire à l’hyperactivité. En vérité, le sucre n’aggrave pas les troubles de comportement de l’enfant, qu’il présente ou non un TDAH.
- Homéopathie et traitements non traditionnels :
Il n’existe pas suffisamment d’études pour démontrer que les remèdes homéopathiques peuvent améliorer le comportement des enfants présentant un TDAH. Les traitements non traditionnels comme la massothérapie, le yoga, ou encore les activités de plein air, peuvent s’avérer utiles dans la prise en charge de l’enfant atteint. Discutez avec votre médecin ou votre fournisseur de soins pour en savoir plus au sujet des traitements homéopathiques et non traditionnels.
- Médicaments :
Les médicaments pour le TDAH peuvent provoquer des effets indésirables sur l’appétit et les habitudes de sommeil de votre enfant. Vous devrez peut-être lui offrir le médicament avec de la nourriture, ou le lui donner à un autre moment de la journée. Discutez avec votre médecin ou votre diététiste sur la façon de composer avec ces effets indésirables.
Recommandations afin d’améliorer la prise alimentaire d’un enfant atteint d’un TDAH
1. Suivez le « Guide alimentaire canadien »
Le Guide alimentaire canadien fournit des conseils sur les types et les quantités de nourriture que nous devrions tous consommer. Suivez ce guide lorsque vous planifiez les repas et les collations de votre enfant. Vous l’aiderez ainsi à obtenir l’énergie et les éléments nutritifs dont il a besoin pour bien grandir, se développer et rester en bonne santé. Ceci dit, il n’existe aucun aliment ni aucun nutriment qui pourrait, à lui seul, traiter tous les symptômes du TDAH.
2. Faite en sorte que chaque bouchée compte.
Si votre enfant ne mange pas des quantités importantes de nourriture, il se peut qu’il soit nécessaire d’ajouter des calories supplémentaires à vos recettes et aux collations afin que chaque bouchée compte. Cela peut être du beurre, de l’huile, de la crème, de la poudre de petit lait, etc. Le but de cette alternative est d’assurer une prise de poids chez l’enfant pour ne pas nuire à sa croissance. Veuillez consulter votre diététiste sur la manière d’intégrer ces changements dans l’alimentation de votre enfant.
3. Supprimer les distractions à l’heure des repas.
Il est important de limiter, voir soustraire, les distractions à l’heure du repas afin d’aider l’enfant à manger.
4. Établissez une routine pour les repas et les collations.
Le fait d’avoir une routine autour des repas et des collations peut stimuler l’appétit de votre enfant. Asseyez vous à table et manger avec lui. Soyez ferme avec la routine, même si votre enfant ne mange pas au repas.
5. Limitez les breuvages avant les repas.
Par Isabelle Carrière, Dt.P
Références:
Practice-based Evidence in Nutrition (PEN), Lignes directrices sur l’alimentation des enfants présentant un trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH)
Poulton, A. (2005). Growth on stimulant medication; clarifying the confusion: a review. Archives of Disease in Childhood, 90, 801-806.
TeachADHD, teachadhd.ca
Canadian ADHD Resource Alliance, caddra.ca
Santé Canada, « Dictionnaire sur les additifs alimentaires »